C'est moi

C'est moi

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C'est qui Sophie ?

03 Jan 21

Fondamentalement, je crois qu'il n'y a pas d'expérience ou de rencontre anodine. Chaque regard, chaque échange, chaque vécu nous façonne, nous guide vers notre moi plus complet. À chaque fois qu'une porte se ferme, une autre s'ouvre. Il suffit d'être attentif. De chercher la porte ouverte plutôt que de s'acharner sur celle qui s'est fermée. On se construit grâce à la vie. Merveilleuse vie. Si riche. Si bienveillante, si on veut bien lui sourire... Alors je vais vous raconter ici les quelques portes fermées et ouvertes qui m'ont menées jusqu'à vous 😃

Moi ? Un peu saltimbanque déracinée, reconnectée.
Déracinée de ma culture, de mon moule. Reconnectée avec les émotions, la vie.
Mon moule : Paris 17, une mère thérapeute Suisse et un père ingénieur Lyonnais, trois frères et soeurs, parents remariés, plusieurs fois, en toute bienveillance.
Fille du genre sage. École de Commerce. Grandes entreprises. Belle carrière. Mon père était fier.

Mais la tourmente me gagne et trois ans de thérapie n’en viennent pas à bout. Trente-deux ans : je plaque tout et je pars à l’autre bout du monde avec mes palmes.
Il y a plus de vingt ans.
J’ai voulu chercher un chemin à moi, j’ai voulu m’éloigner des miens et de leurs principes envahissants. J’y ai mis plus de 10 000 km et j’ai embrassé les cultures latines. Je me sentais enfin vibrer. J'aime les câlins de mots, les attentions, la chaleur et la bonne humeur.
Mais finalement quand on est pas prêt, il ne reste que l’élan pour partir et à l’atterrissage on refait tout pareil : je refais des affaires, je me ré-installe, je me marie, j’ai deux enfants, j’achète un terrain, construis une maison, élève mes enfants, dévouée et résignée. Rangée. Encore. En mode survie.
Après neuf ans de mariage, c'est la dépression. Cachetons idoines, et ça repart. Mais quand on ne veut pas voir les choses en face, la vie se charge de te les envoyer en pleine gueule…

Quelques mois plus tard, mon mari s’accidente en moto. Fracture ouverte des deux bras, mais surtout, inflammation du lobe frontal, troubles du comportement : plus de filtre, il devient agressif et violent pendant plusieurs mois. Acculée par la situation, je dois ouvrir ce couple que je protégeais et m’appuyer sur les autres ; j’accepte l’aide qu’on me tend. Je fais une rencontre. Tout bascule.

Je prends le recul nécessaire, je me sépare, je quitte la maison avec les enfants.
C’est l’homme de ma vie. Il me montre l’envers de mes couleurs, me fait découvrir la joie, l’amour, le sexe, la jouissance de vivre. Je suis belle. On commence à écrire un livre. Deux ans et demi plus tard il vient habiter avec les enfants et moi. On se bat, c'est pas facile, mais c'est le bonheur.

Six mois plus tard, il meurt d’une embolie cérébrale. Mon ex-époux me fait un procès, nous assigne à résidence, refuse de renouveler les passeports des enfants, impossible de sortir du pays.
C’est l’impasse. Le deuil. Les procès.
Je termine et publie notre livre : El Niño. Je rencontre Angélique, thérapeute un peu chamane, certainement divine. Elle me met sur la voie. Je lèche mes blessures, je grandis. Je reprends la plume et le recul, et j’écris un essai critique sur mon rôle au cours de ces dix ans de relation : Valse Ensorcelée : Renaître d'une Relation avec un Pervers Narcissique.
Deux ans plus tard, je peux enfin rentrer en Europe avec les enfants.
Nouvelle page.
Je découvre les sites de rencontre, plein de gens, la douceur du sexe, la légèreté, l’amour, les relations plurielles, libres, un autre univers. Je retrouve la chaleur. Décidément j'aime bien quand on se touche, quand on s'aime et qu'on échange (mots, caresses, fluides 😉)
J’écris une lettre à Angélique, je lui raconte mon odyssée au pays de l’amour.
Je ressens, je réfléchis, j’écris et je le partage avec vous.
❤️❤️❤️

Ma chanson emblématique : Gracias a la vida - Mercedes Sosa
Je vous ai traduit les paroles - enjoy 😍

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné deux étoiles qui quand je les ouvre
Je distingue parfaitement le noir du blanc
Et dans le haut ciel son fond étoilé
Et parmi la foule l'homme que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné l'écoute qui dans toute sa largesse
Entend les grillons et les canaris de jour comme de nuit
Les marteaux, les turbines, les aboiements, les averses
Et la voix tendre de mon bien-aimé.

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné le son et l'alphabet
Avec lui les mots que je pense et que je déclare
Mère, ami, frère et lumière qui éclaire,
Le chemin de l'âme de celui que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné la marche de mes pieds fatigués
Avec eux j'ai parcouru les villes et les flaques d'eau,
Les plages et les déserts, les montagnes et les plaines
Et ta maison, ta rue et ta terrasse.

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné ce cœur qui agite son cadre
Quand je regarde le fruit du cerveau humain,
Quand je regarde le bien si loin du mal,
Quand je regarde le fond de tes yeux clairs.

Merci à la vie qui m'a tant donné
Qui m'a donné le rire et qui m'a donné les larmes,
Pour que je distingue ainsi le bonheur de la détresse
Ces deux matériaux qui composent mon chant
Et votre chant qui est le même chant
Et le chant de tous qui est mon propre chant.

Merci à la vie

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